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Dévorer les livres!
16 janvier 2010

La densité des rêves

271444041xÀ la suite d'une rencontre malheureuse avec Les Amants du Spoutnik, je m'étais résolue à ne pas comprendre pourquoi tout le monde se passionnait pour Murakami. Et puis, il y a eu Kafka Sur le rivage, un titre trop intrigant pour être laissé de côté. On y suit l'itinéraire labyrinthique d'un Oedipe des temps modernes (quoi qu'Oedipe n'ait jamais cessé d'être moderne) à travers le Japon. Point de Tiresias mais des concepts sur pattes, incarnés en personnages publicitaires, des homosexuels hermaphrodites hémophiles, des chauffeurs routiers qui se passionnent pour Beethoven et des prostituées qui expliquent Hegel. Plaçant le motif du labyrinthe, pareil à des entrailles, au coeur de son roman, Murakami nous offre une pluralité de sens ou plutôt de questionnements et, en filigrane, une belle réflexion sur l'écriture. Kafka ne reste pas sur le rivage, mais nous fait sans cesse circuler d'une berge à l'autre, ne nous permettant plus de distinguer si on se "situe sur le plan symbolique, métaphorique ou "pour de vrai" comme disent les enfants. L'auteur interroge ses personnages, comme il interroge le lecteur. Et si nos rêves aussi entraînaient notre responsabilité ?

Alors qu'est-ce qu'on regrette ? La facilité dans laquelle Murakami se complaît trop souvent lorsqu'il joue sur les dissonnances sociologiques ou lorsqu'il empile les références culturelles en les vulgarisant à outrance. On aimerait que l'auteur ne rende pas si évident les sens qu'il propose et qu'il laisse un peu plus de place aux interprétations du lecteur.  Bref, qu'il nous offre un peu plus de style. Si vous avez été énervé par cet écueil dans L'élégance du Hérisson, de Muriel Barbery, vous n'aimerez pas non plus ce roman. En revanche, si vous acceptez de jouer le jeu, c'est un livre à lire.

"J'entre dans un restaurant qui sert des nouilles de blé près de la gare et me remplis l'estomac. J'ai choisi la première gargote que j'ai aperçue. Moi qui suis né et ai été élevé à Tokyo, je n'ai pas eu beaucoup d'occasion de manger de véritable udon, spécialité de l'île de Shikoku. Je n'en ai jamais d'aussi bonnes que celles-ci. Fraîches, fermes, le bouillon parfumé juste ce qu'il faut. Et ça coûte étonnamment peu cher. C'est tellement bon que j'en commande un second bol. Ça faisait longtemps que je ne m'était pas senti aussi repu! Une sensation de bien être m'envahit. Ensuite, je vais m'asseoir sur un banc de la place située devant la gare, et je contemple le ciel dégagé au dessus de ma tête. Je suis libre ! "

Kafka sur le rivage, Haruki Murakami, p. 44, copyright Murakami 2003, Belfond 2006, pour la traduction française

Soupe de udon (pour 2 bols):

  • 2 paquets de udon
  • IMG_4903500 ml d'eau
  • 2 c.s de dashi pâte miso
  • 2 c.c. de mirin
  • 2 c.c. de sauce soja
  • 1 c.c. de saké
  • 1 bavette coupée en fines lanières (et/ou un oeuf ou tout ce que vous voudrez)
  • 1 ciboule
  • piment en poudre (selon votre goût)

Diluez la pâte miso dans 500ml d'eau. Portez à ébullition. Ajoutez au bouillon le mirin, la sauce soja et le saké. Portez à nouveau à ébullition. Réservez. Faites-cuire les udon comme indiqué sur l'emballage (en général 2min dans l'eau bouillante). Egouttez-les. Répartissez les udon dans deux bols et recouvrez de bouillon brûlant, de la viande, de ciboule hachée et de piment.

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Commentaires
D
ah Mimi, malheureusement je ne parle pas japonais mais il me semble que tu avais beaucoup aimé ce livre, alors ça doit être une exclamation positive.<br /> <br /> Vanessa: ce resto est dans les premières pages. La soupe est très basique mais très bonne, l'idéal serait évidemment des udon fraîches!
V
J'ai lu ce roman de Murakami (mon premier) et j'ai bien aimé même si comme pour toi, il y un côté chez lui qui m'énerve un peu et je ne suis pas sûre que je veux lire tout son oeuvre. C'est drôle, moi qui aime tant manger, j'avais complètement oublié cette recette, ta soupe a l'air terrible.
M
Oishi so!!!!
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