Le Katsudon de Banana
Comme promis, je reviens avec une recette très appréciée par Mikage, l'héroïne de Kitchen dont je vous parlais précédemment.
J'ai découvert les blogs culinaires au retour d'un voyage au Japon. Les restaurants japonais authentiques étant assez rares et relativement chers, je me suis lancée à la recherche de quelques recettes sur le net. J'y ai découvert Cléa, puis, de fil en aiguille, Loukoum, La Mangue, Minouchkha... Depuis, je fais partie de ces lectrices silencieuses mais assidues.
Ainsi, pour une de mes premières recettes, j'avais envie de poster une recette japonaise.
Le katsudon vu par Banana Yoshimoto, in Kitchen.
"Bientôt, on m'a servi mon katsudon. Reprenant mes esprits, j'ai saisi mes baguettes. "Ventre affamé...", me suis-je dit. Le plat avait l'air étonnamment bon, mais au goût c'était encore mieux que ça. C'était littéralement exquis. "C'est délicieux ! me suis-je exclamée spontanément.
- N'est-ce pas ! a dit le patron en souriant fièrement.
J'avais beau mourir de faim, la cuisine, c'est quand même mon métier. Ce Katsudon, c'était du grand art, c'était presque une rencontre ! La qualité de la viande, le goût du bouillon, le degré de cuisson des oeufs et des oignons, la consistance du riz, tout était parfait ! Je me suis alors souvenue que dans la journée la directrice de l'école avait parlé de ce restaurant, elle aurait bien voulu lui consacrer quelques pages, et je me suis dit que j'avais vraiment de la chance. Ah ! Si seulement Yûchi était là ! A cette pensée, une phrase m'a échappée: "Vous faites aussi des plats à emporter ? Vous pouvez m'en préparer une autre portion ? "
Copyright, Banana YoshimotoYoshimoto, 1988, Editions Gallimard, 1994, pour la traduction française.
De mon côté, je vous propose non pas un Katsudon mais un Oyakodon. Le principe est le même, un grand bol de riz surplombé de viande, mais le porc frit est remplacé par du poulet. Pour les inconditionnels du porc, je vous renvoie vers la recette de porc frit de Cléa, le Tonkatsu, que vous pourrez substituer au poulet.
Oyako signifie "la mère et l'enfant" en japonais et donne son nom au plat en raison de la présence simultanée de poulet et d'oeuf. J'ai découvert ce plat sur l'île de Naoshima*. Après avoir admiré, cheveux au vent, un superbe coucher de soleil sur le ferry qui nous menait de Honshu à la petite île, nos ventres gargouillants mirent fin à ce romantisme débridé pour nous ramener à des réalités plus prosaïques. Mais Naoshima est une île de moins de 4000 habitants et, après 21h, il faut s'accrocher pour trouver un restaurant ouvert. Bonheur des voyages, nous nous laissâmes alors conduire par un habitant dans une minuscule et improbable gargote. Nous nous installâmes alors à l'unique table et nous apprêtions à réclamer un menu auquel nous n'aurions de toute façon rien compris, lorsque l'autoritaire patrone posa d'office deux bols fûmants devant nous. Ils contenaient les fameux oyakodon. Les oeufs n'étaient vraiment pas cuits ce qui laissa mon ami plus que sceptique. Les oeufs devaient être extra-frais car cela demeura un de nos meilleurs souvenirs culinaires.
Installation de Yayoï Kusama, sur l'île de Naoshima.
Oyakodon (2 bols):
2 cuisses de poulet
1 blanc de poireau
8 branches de coriandre
2 oeufs extra-frais
1/2 tasse de dashi
3 cuillères à soupe de mirin
3 cuillères à soupe de sauce soja
riz japonais selon votre appétit
Cuire le riz.
Désosser les cuisses de poulet puis les couper les en petits morceaux. Couper le poireau en rondelles. Effeuiller la coriandre. Battre les oeufs dans un bol.
Verser dans une poêle le mélange dashi-mirin-sauce soja et porter à ébullition. Y ajouter le poulet et les rondelles de poireau puis laisser cuire à feu moyen. Lorsque le poulet est presque cuit, ajouter les oeufs puis la coriandre. Verser le mélange sur le riz. Les oeufs se dégustent à peine cuits, c'est pour cela qu'ils doivent être très frais.
* Naoshima est une île toute petite mais incroyable, au sud de Honshu. Elle est dédiée l'art comptemporain. Vous pourrez notamment y admirer le Chichu Museum dont on ne sait plus si c'est le bâtiment qui sert d'écrin aux oeuvres, ou les oeuvres qui mettent en valeur l'architecture de Tadao Ando.