Baguettes chinoises et tofu frit

Les Editions Philippe Picquier, spécialisées dans la littérature asiatique, nous font toujours découvrir des histoires passionnantes, des histoires du quotidien, situées dans des endroits lointains mais dont nous nous sentons immédiatement très proches. Leur sélection sur la gastronomie ravira particulièrement les plus fooding.

Baguettes chinoises, de la journaliste Xinran, retrace l’histoire de trois jeunes campagnardes chinoises parties à l’assaut de la ville de Nankin. L’auteur a recueilli les témoignages de nombreuses jeunes femmes dans le cadre d’une émission de radio qui leur était consacrée et en a tiré un récit touchant, qui nous plonge dans la Chine des années 80-90, en profonde mutation.

Dans leur village, les jeunes femmes ne sont considérées que comme des baguettes, de fragiles ustensiles dont on se sert tous les jours puis qu’on jette. Au contraire, les hommes seraient des poutres, de solides piliers sur lesquels repose le foyer. Lassée de cette vie l’une d’elle s’exclame alors « je vais leur montrer, moi, à tous ces villageois, qui est une baguette et qui est une poutre». Le récit commence.

Pour choisir un extrait, je n’ai eu que l’embarras du choix tant le roman est saturé d’épisodes culinaires, de description de marchés, de légumes et de friandises.

C’est finalement une description des légumes qui a le plus retenu mon attention mais avant cela je ne résiste pas à vous faire partager également cette blague nulle qui m’a fait beaucoup de rire :

« C’est l’histoire d’un étudiant chinois qui vient de commencer à apprendre l’anglais et qui, sans le faire exprès, bouscule un Anglais dans la rue. Aussitôt il s’excuse poliment en anglais : « I am sorry ». Sur quoi l’Anglais répond « I am sorry too ». Le Chinois désireux de se montrer aussi poli que son interlocuteur, renchérit alors « I am sorry three ». L’Anglais perplexe poursuit : « What are you sorry for ? ». Le Chinois décidé à ne pas perdre la face en paraissant moins courtois que l’étranger s’empresse à son tour de répondre : « I am sorry five ». »

Copyright, 2007, The Good Women of China Ltd,

2008, Editions Philippe Picquier pour la traduction française

Voici une description de légumes par une jeune campagnarde, qui fait écho à nos réflexes un brin bo-bio et qui pourrait s’exclamer, telle une Usbek chinoise « Mais comment peut-on être citadin ? »:

« De son coté, Trois s’amusait beaucoup à voir tout les citadins s’agglutiner autour de ces plantes sauvages, curieux d’en découvrir les propriétés, tandis que dans sa campagne elles poussaient partout comme des mauvaises herbes. Elle découvrit avec stupeur qu’à leurs yeux, il était bon de trouver de la terre sur les légumes et des trous d’insectes dans les feuilles. Ils y voyaient la preuve que les légumes étaient frais et dépourvus de pesticides aux effets délétères pour la santé. Quoi de plus ridicule ! Si dans une livre de légumes il y a deux cents grammes à jeter, c’est cher payer la « fraîcheur ». Et dire que sa mère se donnait tant de mal pour enlever la terre et les feuilles abimées et présenter ses légumes au marché, ça lui fendait le cœur ! »

De mon côté, je vous livre une recette de tofu frit aux légumes sans terre et probablement avec pesticides. Vous échaperez ainsi aux brochettes de "tofu puant" dont se délectent les personnages de la première à la dernière page.

Tofu frit aux légumes (4 personnes):

• 500 gr. de tofu

• 2 courgettes

• 500 gr. de fèves vertes

• 1 boîte de jeunes épis de maïs

• coriandre

• 1,5 c.s. de vinaigre de riz

• 3 c.s. de sauce d'huitre

• 4 c.s. de sauce soja

• 2 c.c. de sucre en poudre

• 1 c.c. de sel

• 1/2 c.c. de poivre noir moulu

• 5 cl de bouillon de poulet

• 1 c.c. de maïzena diluée dans un peu d'eau

• 2 c.c. d'huile de sésame

• huile neutre pour la friture

Couper le tofu en dés d'1cm. Faire chauffer l'huile de friture, y plonger les dés de tofu jusqu'à ce qu'ils soit dorés (3-4min.). Les égoutter sur du papier absorbant.

Faire sauter 2 min. les légumes dans un peu d'huile de sésame. Les recouvrir avec tous les ingrédients liquides à l'exception de la maïzena. Porter à ébulition. Hors du feu ajouter la maïzena. Porter à nouveau à ébulition. Ajouter les dés de tofu. C'est prêt vous n'avez plus qu'à parsemer de coriandre et éventuellement de sésame.

Cette recette est inspirée du livre de Ken Hom, La Cuisine Chinoise, (éd. Hachette Pratique, 2002)

Comments

[Marion]

Joli blog gourmand et littéraire, un panaché de deux choses que j'apprécie beaucoup. Cette recette de tofu est très sympa, à retenir ;)

[Chef Damien]

Ce blog est vraiment une bonne idée ! Réunir la litterature au sens large avec la gourmandise...Voilà une heureuse initiative !

[Séverine]

Je découvre ce blog par le biais de celui d'Audrey !
C'est une jolie idée ! et j'adhère !! j'adore !!!
J'ai hâte de lire les prochains posts !